La préparation mentale en période de blessure

CLM Corbas 2022
(photo: Freddy Gheorghe)

Retour d’expérience de mon utilisation de la PM en période de blessure?

Quasi tous les sportifs ont vécu une situation de blessure qui les écartent, un temps, à pratiquer leur sport.
Comment travailler et optimiser cette période pour travailler le pilier de la PM?
Comment agir sur des blessures lié à un traumatisme (chute…)?
Comment préparer son retour à la pratique?

Je vous propose, dans ce court article, de revenir sur ma propre expérience dans le cadre de la pratique du cyclisme.

Le 30 avril 2022, lors d’une sortie d’endurance fondamentale, je chute sur la piste cyclable entre Grenoble et Fontaine.
La raison?
Une bosse créée par une racine m’a fait perdre un de mes points d’appui (main droite) et m’a propulsé au sol.

1- Accompagner les émotions
Hormis la douleur physique, j’ai ressenti plusieurs émotions: – Sensation d’incompréhension de la situation: pourquoi une telle chute sur une situation banale.
– Le dégout supposant l’arrêt de ma pratique pendant un moment.
– L’envie de vouloir rembobiner pour ne plus avoir de dommages corporels et matériels.
Ma connaissance de la PM et les habilités développés durant ces quelques années, m’ont fait immédiatement identifier qu’il s’agissait d’un discours interne négatif et qui n’allait surement pas m’aider dans la situation.
Néanmoins, il s’agit peut être d’un mal nécessaire favorisant l’évacuation et la baisse de l’intensité émotionnelle.

2-Accepter la situation (courbe du changement)
Passé cette étape gestion émotionnelle, se concentrer sur l’acceptation de la situation, parce que je n’ai plus la main, m’a permis de m’orienter tout de suite vers une attitude plus positive et constructive.
Comme le montre le schéma ci-dessous, il évite des étapes complexe qui oriente vers une attitude négative et vers l’inconstruction.
3-Lâcher prise sur les éléments non expliqués.
Dans la même notion de l’acceptation, je me suis forcé de stopper le retour éventuel de discours interne négatif et de pensées inconstructive.

4- Trouver les causes de la chute pour mieux comprendre et avancer avec des faits.
Ma réflexion a été de comprendre la cause majeure et de mettre un place des actions pour que ça ne se reproduise pas.
J’ai pour cela essayé de revenir sur mes sensations secondes après secondes pour en savoir un peu plus.
Le positionnement de mes paumes de mains sur le haut de la cocotte, peut être une cause favorisant cette chute.
Je décide donc d’agir dessus et en observant les pros et les autres cyclistes, je choisi de revenir sur une seule position me permettant d’être plus en sécurité et de palier à toutes les éventualités.

5- Redéfinition des objectifs et planification de la saison.
Dans le soucis de se projeter vers de nouveaux objectifs réalisables et challengeant, j’ai redéfini mes objectifs et ma planification d’entrainement pour la suite de la saison
Cette démarche m’a bien sûr aussi permis de maintenir ma motivation durant cette phase de récupération.

6- Imagerie Mentale pour ne pas perdre de sensations.
L’Imagerie Mentale m’a beaucoup aidé pour préparer mon système nerveux à apprendre le nouveau positionnement de mes mains sur les cocottes 🙂
Pour cela, j’ai identifié une situation de réussite en cyclisme avec cette nouvelle position, en intégrant une association et dissociation dans l’imagerie.
Comme la fixation d’objectif, l’IM a participé au maintien de ma motivation

7 – Retour en extérieur et à la compétition – routine de performance.
Le plus dur pour moi!
Toutes les attentions que j’avais pris soin de prendre pendant cette phase de récupération, ont volé en éclat lors de la première sortie.
– Sensation de peur au moindre croisement avec une voiture
– Fort discours interne négatif avec amplification de ce phénomène.
– Crispation dans les descentes

Comme pour le processus après la chute, j’ai accepté toutes ces sensations et je me suis donné le temps d’enchainer les roulages en extérieurs en identifiant les discours négatifs et les discours constructif.
ex:
« Je ne dois pas chuter »
« Attention à la voiture »
« Pas trop vite dans cette descente! »

Travail sur la routine de performance
Une fois le négatif identifié, j’ai construit mon processus, pour intégrer une routine mentale favorisant mon plaisir sur le vélo ainsi que l’engagement dans les descentes.
Voici l’exemple pour ce dernier objectif:
a- avant la descente avoir si possible la vision de la descente (longueur, virages, point d’attention)
b- Etre dans l’instant présent, balayage du regard au loin et à quelques mettre de la roue avant pour l’état de la chaussée.
c- se parler mentalement de la procédure technique à suivre
« Prends le frein arrière puis avant maintenant »
« Fixe ton regard sur le point de corde »
« Positionnement ton corps sur le coté le vélo reste légèrement penché »

Cette saturation mentale élimine toute chance de laisser place au discours interne négatif!
Durant mon expérience, j’ai réajuster par 2 fois cette procédure pour augmenter l’intensité de ce discours interne.

Avec un peu de recul, cela a été un parcours très enrichissant à vivre dans l’adversité.